La guerre 14-18 est un événement tragique qui bouleverse toutes les familles. Nous pensons bien évidemment en premier aux soldats partis au front, décédés ou blessés durant le conflit.  Nous oublions aussi souvent que des milliers de civils français et belges sont obligés de fuir les zones de combat ou même déplacés et évacués par les autorités militaires et civiles de tous les pays.

 

Les populations déplacées

Nous avons une connaissance assez complète des populations déplacées via la Suisse grâce à une publication officielle publiée dès 1914 : la liste complète des internés civils français ou liste des rapatriés civils français.

Filae a indexé ces archives pour vous permettre de retrouver facilement une personne de votre famille. La base Populations déplacées recense plus de 135 000 personnes. Les archives nationales conservent aussi des listes sous la cote F/23/1-F/23/219.

Fuite des populations civiles en 1914 1918

Un bombardement en 14 18

Les populations déplacées sont classifiées par les autorités. Chaque statut donne droit à une aide : 

  • Le réfugié est parti de son propre gré 
  • L'évacué a été obligé de partir, contraint par les autorités militaires. L'armée allemande qui a envahit la Belgique et la France organise en effet des convois de la population civile vers la Suisse. 
  • Un interné civil est un ressortissant des pays belligérants piégé en territoire ennemi par la fermeture des frontières.
  • Le terme rapatrié désigne les populations qui reviennent sur le sol français. 

 

Un bureau de rapatriement est mis en place en Suisse pour s’occuper des réfugiés qui sont rapatriés ensuite vers la France via Genève.  Ils arrivent à Annemasse (Haute-Savoie) où ils sont pris en charge par les autorités françaises. Ils sont ensuite transférés dans différentes villes de France.

 

Les listes officielles, précieuses pour les familles

Ces listes étaient publiées  et vendues au prix de 1 franc au bénéfice du vestiaire genevois des rapatriés civils. La publication recense les personnes rentrées en France par Genève avec mention de la localité sur laquelle elles ont été dirigées.

Il est expliqué que ces publications ont pour but « de faciliter les recherches des parents et amis qui ont lieu de supposer que les personnes, dont ils ont été brusquement séparés, figurent dans le nombre des rapatriés civils. »

refugiés rapatriés et internés civils

 

Il est précisé pour chaque personne :

  • Nom et prénom
  • Filiation pour les enfants seulement
  • Age
  • Profession
  • Localité de provenance avec indication du département
  • Date de passage à Genève
  • Localité sur laquelle la personne a été dirigée.

 

 

Liste des rapatriés en 14 18

Voici la liste des abréviations  afin de bien comprendre les informations :

  • a. : an
  • m. : mois
  • j.  : jour
  • f. : fils de ou fille de
  • s.p. : sans profession
  • 1.4. : 1er avril
  • 17.4 : 17 avril
  • Ais. : département de l'Aisne
  • Ard. : Ardennes
  • Mne : Marne
  • M.M. : Meurthe-et-Moselle
  • Meu. : Meuse
  • Nrd : Nord
  • P.C. : Pas-de-Calais
  • Som. : Somme
  • Vos. : Vosges

Il est indiqué aussi que « cette liste renferme très certainement des erreurs, par le fait qu’elle a été établie d’après des fiches faîtes hâtivement sur des déclarations verbales… ». Enfin le document précise que « grâce à l’obligeance des autorités françaises, nous avons pu ajouter le lieu de destination, qui est une précieuses indication ».

Au 31 janvier 1916, le total des rapatriés est de 96621 personnes.

 

Et après le rapatriement en France ?

La publication indique que les personnes devront se renseigner auprès de la Préfecture du département où les personnes ont été envoyées pour connaître leur adresse exacte. En effet, des services de réfugiés sont mis en place pour prendre en charge les personnes.

Si vous souhaitez donc faire des recherches plus approfondies, vous devrez vous rendre aux archives départementales qui conservent les documents de la Préfecture : listes nominatives de réfugiés, évacués, rapatriés, dossiers individuels, emplois, hébergement, décès… sous-série 4M et 10R.

Les réfugiés étaient souvent logés chez l’habitant. Si la plupart rentrent chez eux après la guerre, d’autres sont restés par choix ou par nécessité.

Réfugiés belges à Marseille en 1914 1918

 

Une famille déplacée, les Cambray 

Au détour d'une page, nous trouvons Henry Cambray âgé de 15 mois. Originaire de Lille, il décède à Genève le 14 mai 1915. La liste indique en effet des décès en Suisse. La lecture attentive du document, des recherches sur Filae et sur le site des archives départementales du Nord permettent d’en savoir un peu plus sur sa famille.

La liste précise qu’il est le fils d’Henriette Dubois qui s’installe ensuite à Annemasse avec ses 4 autres enfants : Lauriane âgée de 12 ans, Jeanne âgée de 8 ans, Mauricette âgée de 4 ans et Fleury âgée de 3 ans.  Léontine Henriette (elle était connue par son deuxième prénom au quotidien) Dubois a épousé Maurice Cambray le 13 septembre 1902 à Lambres-les-Douay (Nord). Elle est née le 22 janvier 1882 à Lille. Laurianne Jeanne Cambray, citée dans la liste, sa fille est née à Lambres-les-Douay  le 20 juin 1903. Un des enfants d'Henriette est déjà décédé, Léontine Henriette Cambray le 16 février 1906 à Sainghin-en-Weppes.  Nous retrouvons aussi le couple dans le recensement de 1906 à Sainghin-en-Weppes où Maurice Cambray est concierge,  employé d’Henri Cambron distillateur.

 

La famille Cambray

 

Une recherche sur le site des archives départementales du Nord permet de savoir où se trouvait Maurice Cambray pendant que sa femme et ses enfants ont quitté le Nord.  En effet la consultation des registres matricules militaires (classe 1898, matricule 777) nous apprend qu’il est classé dans les services auxiliaires pour rétractation des muscles de la peau de la main droite. Le 21 octobre 1915 il réside à Rognac chez monsieur Cayol dans les Bouches-du-Rhône.  Il est affecté au 112e régiment d’artillerie le 20 octobre 1915 puis à la 3e garnison des munitions auto du 109e régiment d’artillerie.  Il est cependant détaché au dépôt d’ouvriers de Nantes (Loire-Inférieure) le 26 mai 1916 puis il passe aux forges d’Hennebont (Morbihan) le 17 juin 1916 avant d’aller à la compagnie des métaux à Deville-les-Rouen le 31 octobre 1916. Il passe au 62e régiment d’artillerie le 1er juillet 1917 étant détaché des forges d’Hennebont. Il est envoyé en congé illimité de démobilisation le 8 avril 1919 et le 25 il réside à Lille.

 

Faire une recherche dans les toutes bases de la guerre 14-18 ou plus spécialement pour les réfugiés et déplacés :